Teddy Riner, du judo au Japon, direction les JO

Par Julie Hamaïde
Photo de Philippe Millereau / KMSP

Teddy Riner est adoubé aussi bien en France qu’au Japon. Le judoka est triple champion olympique et onze fois champion du monde. Rencontre. 

Hyperactif, il s’essaye à tous les sports avant de tomber amoureux du judo. Au-delà de ses qualités physiques, le phénomène Riner plaît pour sa gentillesse et sa malice, le classant parmi les personnalités préférées des Français. Nous sommes allés à sa rencontre, avec l’envie d’en savoir plus sur son rapport avec le pays qui a vu naître son sport.

Vous souvenez-vous de votre premier cours de Judo ?
Ouais [large sourire, NDLR] ! Avec mon frère nous avions fait une initiation au judo, avec celui qui est devenu notre professeur par la suite. Ça nous avait beaucoup plu car il y avait ce côté ludique. Quand on est enfant, on a envie de s’amuser avant tout, pas forcément de rentrer dans le côté technique ou ancestral. On apprenait pas mal de choses, tout en s’amusant. C’est ce qui m’a bercé un peu tout au long de ma carrière. Cet entraîneur m’a toujours répété : « Amuse-toi, fais-toi plaisir ». Et même dans le travail, nous arrivions à prendre beaucoup de plaisir. J’avais 5-6 ans à l’époque.

 

Teddy Riner pour le magazine Koï.

 

Ensuite vous avez découvert la discipline et la rigueur…
Bien sûr. Je l’ai découvert, je crois, la première fois où je suis allé au Japon. Je savais avant cela qu’il y aurait beaucoup de travail à faire mais la discipline m’a frappé de plein fouet. Lors de ce premier stage au Japon, on nous a fait faire quarante randori par jour. Donc j’ai commencé à me dire que c’était compliqué. Moi qui étais le plus grand, je ne comprenais pas pourquoi ils couraient tous vers moi tout le temps pour me prendre comme ça. Comme je réponds toujours aux défis et aux challenges, je disais toujours oui. Mais à la fin de la journée c’est vrai qu’on ne m’entendait pas. Je mangeais et j’allais au dodo... C’est là aussi que je me suis rendu compte qu’au Japon il n’y a pas la même façon de s’entraîner. Chaque nation a sa particularité. Là-bas, c’est le mouvement précis, le mouvement juste, l’efficacité dans le mouvement.

 

« Au Japon il n’y a pas la même façon de s’entraîner »

 

Jeune, vous rêviez de visiter ce pays où est né le judo ?
Non parce que je ne connaissais pas. On n’en parlait pas tant que ça à la télé. Grâce à mon sport, lorsque je vais au Japon, je suis content, même si j’y suis déjà allé plus de quarante fois. C’est un pays où je prends beaucoup de plaisir, que ce soit sur les tapis ou en dehors. Niveau gastronomie, c’est top, on mange super bien. Au Japon, c’est super bon et on ne prend pas de poids. C’est savoureux, alors que ce n'est pas toujours le cas dans d’autres pays. Et je découvre aujourd’hui encore de nouveaux endroits, parce que c’est un pays qui évolue, qui bouge, qui nous apprend beaucoup de choses.

Ado, étiez-vous fan des mangas et des dessins animés japonais ?
Ce n’est pas fan, c’est ma vie ! Dragon Ball Z, Olive et Tom, les Chevaliers du Zodiaque... C’est un délire ! Moi j’avais la collection de cartes de Dragon Ball Z et je me suis même reproché de les avoir données... C’était ma collection ! J’avais toutes les belles cartes. La dernière fois que je suis allé au Japon, je suis rentré dans un magasin et j’ai vu le prix ! Je me suis dit « nooooon »...

 

Teddy Riner en entraînement.

 

Vous auriez dû les garder ?
Mais bien sûr ! J’avais une belle collection ! J’ai appris que Pikachu était japonais, il faisait partie aussi de toute cette époque...

Hello Kitty aussi est Japonaise ! Elle faisait partie de votre collection ?
[Rires] Par dérivation ! En fait ma sœur est fan. Donc à chaque fois que je suis allé au Japon, je lui ai ramené quelque chose. Mes neveux et mon frère aiment Naruto. Moi je reste assez fidèle à Dragon Ball Z, Olive et Tom, Jeanne et Serge [il chante la chanson].

Que vous êtes-vous dit la première fois que vous êtes allé au Japon ?
« C’est un truc de fou ! » En me voyant arriver, avec mon physique, les Japonais ont une réaction super marrante ! J'adorais aller à Mister Donuts, le magasin de beignets. À l’époque, nous y allions aussi pour la technologie. Nous allions à Akihabara [quartier tokyoïte célèbre pour ses magasins d’électronique]. Je me souviens que nous remontions toute la rue, nous trouvions des appareils moins chers et encore plus sophistiqués que partout ailleurs. Aujourd’hui ce n’est plus pareil... Mais avant j’achetais des jeux vidéos, des disques durs, des caméscopes...

 

Teddy Riner en entraînement avec Clarisse Agbégnénou. 

 

Le Japon vous plaît toujours autant ?
Toujours [sourire] !

Quelle ville vous attire le plus ?
Tokyo. Alors attention, il y a d’autres villes aussi bien. Mais avec mon sport je n’ai pas l’occasion d’en découvrir d’autres. Une fois, nous sommes allés en bord de mer, c’était sympa, les Jeux olympiques de Pékin arrivaient, il faisait chaud... Ce que j’adore aussi au Japon c’est la récupération physique grâce aux bains chauds. Il y a le bain au curry, à ci, à ça, c’est vraiment une tradition chez eux.

Vous avez pu aussi découvrir des universités comme celles de Kokushikan ou Tōkai, réputées pour leur judo…
Ces universités sont les meilleures. Ils ont une culture au combat que j’adore voir. Quand nous y allons ce n’est pas pour rien. Nous savons que nous aurons des adversaires qui vont nous répondre, d’autres qui n’ont pas forcément les armes mais se donneront à dix mille pour cent pour me faire tomber et moi ça me fait progresser. Et c’est ce que je recherche.

 Article initialement publié dans le magazine Koï, numéro 10, mars-avril 2019.


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