Avec « Étrangers sur la grève », Tash Aw partage un témoignage personnel sur l’immigration et ses traumatismes de génération en génération.
Tash Aw est un écrivain d’origine malaisienne, installé en France depuis 2019 après avoir quitté la Malaisie à 20 ans afin de poursuivre ses études à Londres. Auteur de nombreux romans, il revient avec « Étrangers sur la grève », un récit intime publié aux éditions Fayard.
Lorsqu’on est un écrivain d’origine asiatique, est-ce un passage obligé d’écrire sur l’Asie ?
En tant qu’écrivain, il ne faut jamais suivre de règle. On écrit sur ce qu’on veut écrire. Pour moi, c’est forcément l’Asie car c’est elle qui m’a formé, qui m’a enseigné tout ce que je sais aujourd’hui mais ça ne veut pas dire que je continuerai à le faire dans l’avenir. La vie évolue.
Quel est votre lien avec la Malaisie, le pays où vous êtes né ?
J’ai toujours des liens très étroits avec la Malaisie. Mes parents y habitent encore, mes cousins, mes oncles, mes tantes également. Je passe pas mal de temps là-bas mais j’ai aussi une relation compliquée avec la Malaisie. C’est à la fois un amour très profond et un sentiment de rejet car la situation politique est très compliquée en Malaisie. En tant que Malaisien d’origine chinoise, je vis une expérience particulière.
Est-ce difficile d’exister en tant qu’écrivain d’origine asiatique ?
Je crois que le rapport entre l’Europe et la littérature asiatique reste très compliqué mais ça évolue grâce à une nouvelle génération qui voyage beaucoup. Cependant, ça reste très compliqué et ça se voit dans les librairies où la littérature asiatique est souvent reléguée à la dernière place, au fin fond de la librairie. Et comment placer un écrivain américain d’origine vietnamienne par exemple ? Est-il dans la littérature américaine ou vietnamienne ? Souvent, l’écrivain se retrouve dans la littérature vietnamienne.
Aujourd’hui, où peut-on trouver votre livre en librairie ?
Mon livre est normalement classé dans tout ce qui est asiatique, après le Vietnam, la Chine, le Japon, dans l’Asie du Sud-Est et souvent il n’y a que moi [rires] !