Quand l’Asie redessine nos rituels de beauté

Par Sarina Lavagne
Photo de Shutterstock / KateQhouse

De TikTok aux salles de bain françaises, les rituels de beauté venus d’Asie s’imposent, entre tradition millénaire et tendance moderne.

Les femmes passent en moyenne 300 heures par an devant le miroir, à la recherche de moyens de préserver l’harmonie et la jeunesse de leur visage. Alors, nombreuses sont celles qui cherchent dans des marques de cosmétiques ou des traditions ancestrales les méthodes ou remèdes pour « sauver leurs peaux ». 

Et quand on parle de beauté, on ne peut pas passer à côté de la vague qui a séduit les femmes du monde entier : un vent venu d’Asie souffle sur le monde. Pourquoi ? D’abord parce que le marché de la beauté asiatique est créatif et très dynamique. Il représente en effet 35 à 40 % de la croissance du marché mondial de la beauté en 2019 (Les Echos Etudes). Fortes de leurs marchés locaux très exigeants, les marques de cosmétiques asiatiques, à la fois innovantes et sophistiquées, bousculent et devancent leurs concurrents.

 

Fortes de leurs marchés locaux très exigeants, les marques de cosmétiques asiatiques, à la fois innovantes et sophistiquées, bousculent et devancent leurs concurrents.

 

Certains pays d’Asie, principalement le Japon, la Corée du Sud et la Chine, qui ont développé un savoir-faire et une expertise solide depuis des années, sont à l’origine de nombreuses avancées technologiques. De suiveurs, ils sont devenus créateurs de tendances, ce qui les a transformés en véritables laboratoires pour l’innovation produit.

Les nouveaux incontournables
Initiée par la cosmétique japonaise il y a une quinzaine d’années, la conquête est maintenant soutenue par la K-beauty (la cosmétique coréenne, nom donné en clin d’oeil à la musique K-pop) qui valorise les teints parfaits et la peau sans défaut.

Fascinées par ces nouveaux rituels, les femmes occidentales ont adopté de plus en plus de produits de soin et de maquillage créés à l’origine pour les consommatrices asiatiques : layering (application par étapes, dans un ordre précis, de plusieurs soins sur le visage, après un nettoyage en profondeur), huiles démaquillantes, sheet mask (masque en tissu imbibé pour le visage, les mains, les pieds…), BB cream...

 

 

Derniers-nés dans cette mouvance globale, de nouveaux gestes sont également plébiscités par les « beautystas » (les fans de cosmétiques) à l’instar des massages du visage au Gua Sha ou au rouleau de jade (« jade roller »). Devenus ultra populaires sur les réseaux sociaux, ils semblent promettre la jeunesse éternelle en quelques gestes. Lassées des discours consacrés aux outils et aux brevets technologiques, les consommatrices occidentales recherchent des réponses efficaces et simples à adopter.

Ces soins à domicile permettent de se faire du bien et de se reconnecter à soi-même, tout en étant accessibles à tous les budgets. De nombreuses vidéos en ligne sur les réseaux sociaux permettent ainsi d’apprendre facilement des techniques qui étaient connues uniquement des expertes il y a peu.

Des outils issus de la médecine traditionnelle
Issu de la médecine traditionnelle chinoise, « Gua Sha » signifie « gratter la maladie », autrement dit racler la peau. On a retrouvé les premiers usages de cet outil dès l’âge de pierre. Son concept ? Frotter fort le corps avec une spatule (souvent en corne) pour activer la circulation, surtout sur le dos, le cou, les jambes, les bras ou les fesses, ce qui peut même laisser des traces rouges ou violettes. Cette technique a pour but de « briser » la congestion du sang pour le faire circuler et laisser les mauvaises énergies (considérées comme étant responsables de maladies chroniques et de douleurs) s’échapper. Elle permet de réduire l’inflammation et d’éliminer les toxines.

Détourné en outil de beauté, le Gua Sha est devenu un galet de massage en pierre fine à utiliser en douceur sur le visage. Mélange de gestuelles venues de l’acupuncture, du Tui Na (massage traditionnel chinois), du Shiatsu (technique de massage thérapeutique japonais) ou du Kobido (massage facial japonais), les massages du visage avec un Gua Sha ou un rouleau de jade chouchoutent la peau et régulent les émotions.

 

 

De vrais atouts
Leurs bénéfices esthétiques sont nombreux. La première chose que l’on constate est le fameux « glow » qu’ils apportent. Après une séance, la peau semble plus saine et lumineuse.

Par son action drainante, en boostant la circulation du sang et de la lymphe (de + 400 % selon certaines études), le Gua Sha permet aux micronutriments de la nourrir en profondeur tout en évacuant les toxines. Le soin fait aussi figure de vrai soutien de la structure générale du visage. Grâce à des gestes sculptants qui affinent les traits, il raffermit la peau et améliore son élasticité. Enfin, finies les tensions qui crispent et créent des rides. En effet, notre visage est constamment en mouvement et se contracte, même la nuit. Nos muscles en action créent ainsi de petits sillons qui deviendront des rides. Grâce à l’action mécanique du massage, les fibroblastes sont réveillés et produisent plus de collagène. Les muscles sont lissés en profondeur et la formation des rides limitée.

Au geste sensoriel viennent s’ajouter — pour ceux qui y croient — les propriétés « surnaturelles » de l’outil. Liés à la lithothérapie, ces accessoires en pierres fines ont été parés de qualités spirituelles et énergétiques. À chaque pierre correspond une propriété : le jade est équilibrant et porte chance, le quartz rose stimule et sera conseillé pour les usages du matin, l’améthyste est au contraire à privilégier le soir pour apporter la sérénité. À chaque « peau » son couvercle.

Article publié dans le numéro 19 de Koï spécial esthétique.


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