Exposition du quai Branly : quand les dragons atterrissent à Paris

Par Rémi-Kenzo Pagès

Du 18 novembre 2025 au 1er mars 2026, l’exposition Dragons, au musée du quai Branly - Jacques Chirac, en partenariat avec le Musée national du Palais à Taipei (Taïwan), réunit une centaine d'œuvres venues d’Asie orientale autour de la créature mythologique.

Dès le début de l’exposition, il nous fait face. L’air espiègle, le corps ondulant, puissant, moustaches longilignes et cornes vissées sur le crâne, un dragon se cache de ses congénères dans les nuages diffusés sur l’écran à l'entrée de l’exposition Dragons, au musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris. Ce premier tableau, qui accueille les visiteurs du 18 novembre 2025 au 1er mars 2026, en impose. Le dragon est impressionnant, mais pas inquiétant, loin de l’image effrayante généralement diffusée en Europe. Cette première vision, projetée dès le début de la rétrospective, révèle au contraire une figure protectrice qui correspond plus fidèlement aux représentations de l’animal légendaire en Asie de l’Est. 

« On le voit partout mais on ne connaît pas ses multiples facettes », explique Julien Rousseau, conservateur en chef du patrimoine et responsable de l’Unité Patrimoniale Asie du musée du quai Branly-Jacques Chirac. C’est ce qui a motivé les commissaires de l’exposition qui ont réuni une centaine d'œuvres, dont plus de 80 proviennent du Musée national du Palais à Taipei, à Taïwan. Certains artefacts sont désignés comme faisant partie du trésor national. Des pièces du musée départemental des arts asiatiques de Nice complètent la collection. 

 

 

« C’est une figure très connue, mais rarement représentée comme sujet principal dans un musée », complète Julien Rousseau. L’exposition permet d’en apprendre plus sur ce dragon asiatique, vieux de plus de 5 000 ans. Depuis la vallée du fleuve Jaune — deuxième plus long fleuve de Chine — qui prend sa source au nord de l’Himalaya, où l’on découvre les plus vieilles références, jusqu'aux reproductions de la culture populaire contemporaine, il ne cessera de se transformer au fil des siècles. L’une des reliques les plus anciennes, une sculpture de jade qui le représente avec une tête de cochon, montre l’évolution, depuis l’époque du néolithique qui l’a vu naître sous une forme hybride, jusqu’à l’âge du bronze durant lequel il prend un aspect plus proche des représentations actuelles.

 

 

 «Des dragons totalement différents»

Ce dragon ne ressemble pas aux monstres des légendes européennes. Loin de la créature terrassée par Saint-Georges qui hante la culture populaire occidentale, de Harry Potter aux films d’animations Dragons, en passant par le célèbre jeu vidéo Dragon Age ou le roman de Tolkien Bilbo le Hobbit, le dragon chinois n’est néanmoins pas un nouveau venu. De Dragon ball à Mulan, la version orientale est déjà présente dans le quotidien des Occidentaux qui se la réapproprient. C’est d’ailleurs l’objet de la dernière partie de l’exposition dédiée à la culture populaire. « Les dragons d’Europe et d’Asie sont totalement différents et n’ont de liens que le fait d’être des créatures hybrides, comme on trouve dans de nombreuses civilisations », précise Julien Rousseau. Yu Pei-Chin, directrice adjointe du musée national du Palais, venue spécialement de Taïwan, insiste elle aussi sur l’absence de similitudes entre ces créatures.

« Pendant mon voyage en avion, j’ai regardé la série House of the Dragon qui leur donne une image beaucoup plus sombre, raconte la commissaire d’exposition. Je souhaite parvenir à équilibrer cette représentation qui peut-être autant positive que négative. » 

 

 

«Se faire sa propre image du dragon»
Parce que dans l’Extrême-Orient, le dragon est une figure pleine de sagesse et d’équilibre qui symbolise les forces célestes et maintient le lien entre le ciel, la terre et les humains. 

« Même si nous ne croyons plus à ses pouvoirs magiques, il continue à nous apporter bonheur et prospérité  », conclut Yu Pei-Chin, qui invite les Parisiens à venir « se faire leur propre image du dragon ».

 


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