Dalat : une escapade dans les hauts plateaux du Vietnam

Par Julie Hamaïde
Photo de Julie Hamaïde

Au centre du Vietnam, Dalat s’est bâtie autour d’un lac et au creux des collines. Surnommée la « ville du printemps éternel », elle permet une échappée depuis Ho Chi Minh-Ville.

Le voyage commence à l’embarquement à Paris, lorsque les hôtesses et stewards de la compagnie Vietnam Airlines nous parlent en vietnamien. Elles portent de longues tuniques traditionnelles vert émeraude et les cheveux attachés en chignons. Eux sont vêtus de vestons turquoise contrastant avec leurs chemises immaculées. Le vol pour Ho Chi Minh-Ville est plein, aussi bien en classe économique que business. Les passagers attendent ce voyage depuis des années, depuis le début de la pandémie, si ce n’est avant.
À l’atterrissage, la brume qui recouvre la capitale économique du pays ne nous laisse voir ses bâtiments qu’au dernier moment. Mais pas une seconde à perdre, il faut tout de suite rejoindre le terminal domestique afin d’attraper le prochain vol pour Dalat. Son aéroport, bien plus modeste, est situé à 30 kilomètres du centre en passant par la pinède. Cette ville moyenne de 425 000 habitants s’est construite en serpentins autour du lac Xuan Huong, à 1 500 mètres d’altitude, promesse d’un climat toujours clément. Une douceur qui a d’ailleurs séduit les Français durant l’époque coloniale, venant échapper à la moiteur de Saigon (ancienne appellation d’Ho Chi Minh-Ville). Le docteur Alexandre Yersin et le gouverneur de l’ex-Indochine Paul Doumer ont participé au développement de cette ville, la transformant en station climatique pour les colons venus fuir la chaleur tropicale.

 


Gare de Dalat, Vietnam. 

 

Une architecture à la française
Cette présence française se retrouve aujourd’hui dans l’architecture de la ville. Chalets savoyards, maisons basques ou normandes surprennent les visiteurs à coup sûr. Tout comme la gare ferroviaire de Dalat, conçue en 1932 et copie de celle de Trouville-Deauville et de son style Art-déco, avec sa façade jaune vif. Les couples viennent se faire photographier sur les rails ou les plateformes de trains d’époque avant de laisser parler leur gourmandise à The Choco, institution adjacente, elle aussi inspirée de la présence française.

 

Palais III, palais d'été de Bao Dai à Dalat, Vietnam. 

C’est également ici, au sein de son Palais d’été, qu’a vécu Bao Dai, le dernier empereur du Vietnam avant son exil en France en 1955. Ce bâtiment est le fruit d’une collaboration entre architectes français et vietnamien. Il est aujourd’hui conservé quasiment à l’identique, nous permettant d’apprécier les salles de réception, bureau, chambres et balcons de toute la famille.

 

Baies de café à la plantation Son Pacamara,
à Dalat, Vietnam. 

Le café de Dalat
Dalat est surtout connue pour ses cultures de fruits et légumes, de café et ses vues panoramiques exceptionnelles. Dans la plantation Son Pacamara, on cultive du café de spécialité : du Typica « un café fort, père de l’Arabica » nous explique Tri, un employé en charge de la visite. Il y a aussi du Bourbon venu de la Réunion « plus aromatique et acide », du Pacamara, « une mutation des deux précédents », du Mundo Novo, « une autre spécialité hybride » ou encore du Geisha, « le plus cher du monde qui nécessite 2 ans de culture pour obtenir les premières baies et 5 pour en contrôler la qualité ». Tri nous informe qu’ici le sol est fertilisé naturellement par les fruits des arbres plantés tout autour qui viennent nourrir la terre. Il ajoute que la température à cette altitude, entre 15 et 25 degrés, est propice à la complexité des baies de cafés et garde les insectes à distance. Dalat est également située dans la « Ceinture du café », une large bande qui s’étend autour de l’équateur et réunit les plus grands pays producteurs de café au monde.  Les conditions climatiques y sont idéales pour la production des baies. En décembre, l’équipe de Son Pacamara les ramassera à la main, récoltant en moyenne 30 kilos par jour, avant de les trier, de les préparer et de les sécher. Son coffee shop est à quelques minutes en scooter. Le café y est torréfié et servi en infusion à froid, filtré, ou au lait, selon les goûts de chacun.

 


Cascade de Pongour, au sud de Dalat, Vietnam.

 

Cascades, champs de fruits et de fleurs
À 1 heure de route, au sud de Dalat, une autre facette de la région nous attend, celle des cascades. On dit que celle de Pongour est l’une des plus belles. Le débit de l’eau y est permanent et contraste avec le calme aux alentours, les roches sombres et la végétation luxuriante. Pour y arriver, il faut emprunter 210 marches (qu’il faudra aussi remonter pour retrouver la route) et passer au travers d’un petit campement de boutiques de souvenirs et autres snacks improvisés. À l’arrivée, le spectacle est éblouissant, large de 100 mètres et haut de 40 mètres sur une roche en escaliers qui apporte encore un peu plus de graphisme à la scène. Sur le chemin du retour en ville, en passant par la pagode Linh An et ses immenses statues, nous traversons les champs de café, de tomates, de maïs ou de concombre. Quelques buffles nous regardent passer, montagnes dans le dos.

 


Centre-ville de Dalat, au Vietnam. 

Loin des rizières et d’une ruralité idéalisée, la ville de Dalat accueille également en son sein des exploitations de fleurs ou de fraises cultivées sous serres. Les quelques maisons de l’époque coloniale sont désormais rejointes par des habitations toutes neuves qui reprennent néanmoins des codes architecturaux étrangers, comme les colonnes en façade ou les toits à la française. Au marché central, l’ambiance est bouillonnante. Les stands sous le marché couvert, qui s’étend déjà sur plusieurs étages, débordent sur la rue. Le soir, ils fleurissent tout autour et des centaines d’habitants viennent s’y promener ou profiter d’une street food bon marché. La « pizza Dalat » fait partie des incontournables. Il s’agit en fait d’une feuille de riz grillée à la braise et sur laquelle sont ajoutés des œufs de caille, des saucisses, des crevettes séchées et des herbes. On la déguste comme les locaux, sur les innombrables marches reliant la place du marché et la rue Lê Đại Hành. La nuit est tombée, les vendeurs de rue hèlent les passants qui se déplacent dans tous les sens sans jamais se rentrer dedans. Si Dalat conserve l’empreinte française, ce fourmillement organisé reste bien la signature du Vietnam.


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