Un été sans touristes asiatiques

Par Pandou Media

Cette année, les vacances d’été en France étaient locales, coronavirus oblige. Résultat : entre 30 à 40 milliards d’euros perdus dans le secteur du tourisme. Villes désertées, monuments quasi-vides et chambres d’hôtel à moitié prix, l’absence de visiteurs étrangers mais surtout asiatiques, s’est fait sentir.
[Texte : Léa Berrod. Photos : Shutterstock]

Privé de voyageurs en provenance d’Asie, cet été 100% made in France n’a pas été bénéfique pour le milieu touristique. Le pays a dû se passer de ceux qui au fil des ans sont devenus les moteurs de l’industrie du luxe et du tourisme. En temps normal, des millions d'Asiatiques viennent visiter l’Hexagone, qui était encore l'année dernière la première destination mondiale. Le nombre de Chinois à venir en France était ainsi passé de 715 000 en 2009 à 2,2 millions en 2018, ce qui représentait environ 7% des recettes internationales dans le secteur. En huit mois, sous l'effet de la pandémie, celles-ci ont chuté de près de 50%

Le luxe n’est plus à portée de main

Le chiffre d’affaire généré par les achats de luxe – 265 millions d’euros dépensés en 2018 par la clientèle chinoise – vaut parfois aux touristes fortunés venus de l’Empire du milieu le surnom péjoratif de « walking wallets ». Pour ces visiteurs réputés friands des grandes marques françaises, les Galeries Lafayette ont même ouvert un point de vente dédié, le Shopping & Welcome Center, réservé aux groupes de touristes asiatiques.

« La France n’est presque plus la France sans eux. »

Avec la crise sanitaire, leur absence se fait ressentir : pas de foule à l’entrée des grands magasins, des espaces dédiés vides et une baisse brutale des ventes. Pendant le confinement, les Galeries Lafayette annonçaient un manque à gagner d’un milliard d’euros, ce qui représente la moitié de son chiffre d’affaires l’année dernière. « Cet été, je me suis souvent retrouvée seule dans la boutique. C’est là que je me suis rendu compte que les Asiatiques faisaient vivre la boutique et que la clientèle française ne pourrait pas combler ce manque », confie une vendeuse d’une grande maison française à côté des Champs-Élysées.

Un désert culturel

Quant aux tours-opérateurs parisiens, ils voient leurs réservations s’annuler en chaîne : bus panoramiques à double étage et bateaux-mouches peu chargés, fermeture d’un hôtel sur deux en juillet… « La France n’est presque plus la France sans eux. Ce tourisme de masse faisait partie du décor », déclare un restaurateur. La fréquentation des lieux culturels a elle aussi fortement diminué. Le Louvre connaît une baisse de fréquentation 60% en août par rapport à l'année 2019 et le Château de Versailles de 77%.

Quand l’envie de voyager ne suffit plus

Attentats, grèves, propos racistes depuis le début de l’épidémie… L’image de la France ne fait plus rêver. Les touristes asiatiques sont toujours aux abonnés absents et cela risque de durer. Ces voyageurs choisissent désormais des destinations plus proches et moins chères. À plus long terme, la pandémie pourrait bien modifier les habitudes des voyageurs chinois au profit des « voyages autonomes et des petits groupes », prédit Dai Bin, directeur de l'Institut de recherche China Tourism Academy cité par le site d'informations China.org.cn.

Pour les plus optimistes, le retour à « la vie d’avant » est pour 2022, tandis que certains disent que cela ne sera pas avant cinq ou dix ans. L’épidémie a signé un long au revoir entre la France et les Asiatiques.


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