Tout savoir sur Qing Ming, la Fête des morts chinoise

Par Julie Hamaïde
Photo de Julie Hamaïde

Qing Ming, la Fête des morts chinoise, est un moment heureux, de partage et de convivialité en famille. Elle aura lieu cette année le 5 avril. 

10h - Le soleil est encore timide sur le cimetière parisien de Thiais, au sud de la capitale. Quelques monuments funéraires noirs attirent le regard par leurs inscriptions dorées. Les voitures arrivent encore au compte goutte, mais il sera bientôt difficile de circuler autour des divisions 36, 37, 44 ou encore 45.

Une activité étrange réveille ce coin du cimetière qui était assoupi. Une foule joyeuse s’y presse et crée des embouteillages dans les rues aux alentours.

 

Clémentines, encens et festins de plats variés couvrent les tombes. 

 

Après un lavage soigneux des lieux où reposent leurs ancêtres, les familles se mettent à les décorer. Clémentines, encens et festins de plats variés couvrent les tombes. On aperçoit aussi des canettes de soda ou de petits verres d’alcool. Les boissons ne doivent pas faire défaut ! Les familles se réunissent ici pour célébrer la « toussaint chinoise », dans une convivialité inhabituelle au sein des cimetières français. « Malgré le terme de toussaint chinoise qui sonne triste, Qing Ming est l’occasion pour les familles de se réunir et d’échanger autour d’un grand repas très convivial, explique Lydie Kao des pompes funèbres asiatiques Millénaire. Certaines familles retournent même en Chine pour célébrer ce jour si spécial. »

 

Offrandes pour la Fête des morts au cimetière de Thiais. 

 

D’abord, le festin
La jeune femme nous explique donc les différentes étapes de ce jour de fête. « Les familles font tout d’abord une première prière avec quelques offrandes (fruits, eau, thé) vers le Dieu de la Terre Tu Di Gong », détaille-t-elle. Tu Di Gong, qui protège le terrain sur lequel les ancêtres sont inhumés, se trouve généralement à l’entrée de la division. 

Ainsi, ce petit lopin de terre se verra recouvert de clémentines, encens et alcools en quelques minutes. « Les familles se recueillent ensuite sur la tombe des ancêtres et y font des offrandes plus conséquentes cette fois-ci. »

 

Offrandes pour la Fête des morts au cimetière de Thiais. 

 

Entre les allées, on aperçoit des porcelets entiers, cuits, déposés sur des plats à même la tombe – ayant été méticuleusement nettoyée avant de recevoir ces mets. Tout est organisé afin que les ancêtres participent aux festivités. « On dispose les offrandes dans des assiettes et bols, en n’omettant pas les couverts (baguettes et cuillère), ainsi que les verres qui peuvent être en plastique. C’est comme si l’on préparait un festin de famille ! » s’enthousiasme Lydie Kao. Bien sûr, il faut rendre hommage aux ancêtres que l’on prie et leur faire plaisir. Les plats apportés respectent donc leurs goûts : gâteaux maison et autres alcools.

 

« On offre souvent de faux billets, des maisons, des voitures, des lingots d’or, des habits, du tissu de toutes les couleurs, le tout en papier »

 

Ensuite, les prières
Les cadeaux sont également de rigueur. Des offrandes en papier viennent alors s’ajouter au festin. « On offre souvent de faux billets, des maisons, des voitures, des lingots d’or, des habits, du tissu de toutes les couleurs, le tout en papier », précise Lydie Kao. C’est symboliquement une façon de faire des présents somptueux. Une fois toutes ces offrandes disposées sur le monument funéraire, quelques bougies seront brûlées, ainsi que de l’encens. « Après avoir déposé tout ce dont nos ancêtres ont besoin, nous brûlons de l’encens car les fumées sont le moyen de leur transmettre ces offrandes », nous explique Jacques, présent au cimetière de Thiais.

 

Prières pour la Fête des morts au cimetière de Thiais. 

 

Lydie Kao précise : « Chaque personne passe devant la tombe et prie en saluant trois fois. Elle demande aux ancêtres de venir manger. Puis lorsque l’encens se finit, on brûle les offrandes en papiers dans un brûloir en acier, toujours au cimetière, tout en appelant les ancêtres à venir les chercher une fois de plus ». Un joyeux spectacle olfactif et visuel se déroule alors sous nos yeux. Quelques rayons du soleil viennent traverser ces nuages de fumée, juste arrêtés dans leur course par de grands monuments en marbre noir.

Enfin, les retrouvailles en famille
Une fois prières réalisées et papiers brûlés, les différents plats sont récupérés, « exceptés l’eau et le thé qui restent sur les monuments funéraires », signale la jeune femme. Les différents mets sont ainsi remballés avant d’être partagés au cours d’un repas familial.

Article initialement publié dans le magazine Koï, numéro 4, mars-avril 2018.


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