Sae Eun Park, étoile du ballet de Paris

Par Blanche Ribault
Photo de Julien Benhamou

Sae Eun Park est nommée « Danseuse Étoile » en juin 2021 à l’issue de la représentation de Roméo et Juliette (Rudolf Noureev).

Ses pinces à chignon encore en main, elle revient avec précision sur son entrée à l’Académie nationale du Ballet de Corée à dix ans. Sae Eun Park est alors loin de se douter de ce qui l’attend... car à dix-sept ans en effet, la jeune danseuse remporte la première place du prestigieux prix de Lausanne et s’envole pour New York, où elle suivra sa scolarité à l’American Ballet Theater pendant deux ans.

De retour en Corée, elle suit les cours d’un danseur coréen retraité de l’Opéra de Paris. Heureux hasard et rencontre décisive, dira-t-on, car Sae Eun Park se décide à auditionner pour la prestigieuse compagnie de l’Opéra en 2011 et intègre celle-ci en 2012. Avec calme et attention, elle se prête à notre portrait chinois.

Si vous étiez un chorégraphe…
Alexeï Ratmansky. C’était un bonheur de travailler avec lui pour son ballet Seven Sonatas car il est très précis et exigeant. Il ne dit jamais « C’est bien » mais « C’est mieux ». Nous sentions chaque jour les progrès que nous faisions avec lui. Si je deviens chorégraphe, j’aimerais parvenir à faire progresser les danseurs autant qu’il le fait. Il trouve des éléments intéressants en chacun.

Si vous étiez une différence entre la France et la Corée…
La nourriture, sans hésiter ! Dans les restaurants coréens à Paris, on ne sert presque que des bibimbap... tandis que je ne mange jamais de bibimbap en Corée ! C’est comme les restaurants de sushis en France qui se disent japonais.

Si vous étiez un pays…
La Suisse ! J’aime tout de ce pays, particulièrement la nature.

Si vous étiez une chose que vous aimez à l’Opéra…
L’opportunité de rencontrer de merveilleux chorégraphes et de travailler sur des productions très diversifiées : j’ai pu danser des ballets classiques comme contemporains tels que ceux d’Anne Teresa De Keersmaker [chorégraphe belge, NDLR]. Apprendre les chorégraphies de ces derniers me prenait beaucoup plus de temps qu’en classique, mais une fois la difficulté outrepassée, nous pouvons aller plus loin et apprendre d’autres choses plus en profondeur. C’est ça qui est génial.

Si vous étiez un élément de la culture coréenne…
Le hanbok [vêtement traditionnel coréen]. En France, tout le monde connaît le kimono japonais, mais pas le hanbok. C’est dommage ! Nous le portons pour les mariages, pour des dîners privés... Quand j’étais petite, je le portais chaque année pour le Nouvel An lunaire

Si vous étiez une personnalité coréenne…
L’actrice Ha Ji-won m’inspire beaucoup. Elle rentre vraiment dans les personnages qu’elle joue. En danse aussi, si nous sommes vraiment dans nôtre rôle, le public le ressent immédiatement. J’aime aussi le pianiste classique Seong-Jin Cho. Je ne sais pas pourquoi j’aime autant ce qu’il fait, mais pour moi, l’art est ainsi : il se ressent simplement. C’est la raison pour laquelle je veux, sans forcément danser parfaitement, partager réellement quelque chose avec le public et lui faire ressentir des choses.

Article initialement publié dans le magazine Koï, numéro 12, juillet-août 2019.


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