Mort de Kenzo Takada : son empreinte japonaise sur la mode française

Par Pandou Media

Hier soir, en pleine Fashion Week parisienne, Kenzo Takada, le premier styliste japonais à s’être imposé à Paris, est mort à 81 ans du coronavirus.
[Texte : Léa Berrod - Photo : Shutterstock/Burcu Ergin]

Kenzo Takada, le créateur au look d’éternel adolescent (yeux rieurs, lunettes rondes et mèche blanche) laisse derrière lui un style devenu incontournable, marqué par sa double identité : franco-japonaise.

À la conquête de Paris

Né à Himeji, près d’Osaka au Japon, Kenzo Takada se passionne dès son enfance pour la mode et le dessin. Il entre en 1958 dans l’école de mode qui vient d’ouvrir ses portes aux garçons : le Bunka Fashion College à Tokyo. Pour réaliser son rêve, il embarque fin 1964, à la fin de sa formation, sur un paquebot direction la France.

Entre persévérance et ambition, il arrive à se faire une place dans le milieu de la mode. 

Le 1er janvier 1965, Kenzo Takada arrive dans le port de Marseille avant de découvrir Paris, capitale de la mode. Barrière de la langue, mode de vie différent de son pays natal ; les débuts sont difficiles.

Entre persévérance et ambition, il arrive à se faire une place dans le milieu de la mode. Dans les années 1980, il fonde une enseigne à son nom : Kenzo. « Je me sens désormais plus Parisien que Japonais, mais si c'était à refaire aujourd'hui, je ne suis pas sûr que je viendrais encore faire ma vie à Paris », se confiait-il à Paris Match en 1989. La griffe est par la suite rachetée par le groupe de luxe LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton) en 1993.

Le couturier japonais a révolutionné la mode dans sa ville d’adoption, Paris.

Son rêve d’enfant s’est enfin réalisé. Le couturier japonais a révolutionné la mode dans sa ville d’adoption, Paris. « Créateur avec un talent immense, il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place dans la mode. Paris pleure aujourd’hui un de ses fils » a tweeté Anne Hidalgo, la Maire de la capitale française.

Le style Kenzo

Lorsque Kenzo Takada arrive en France, il débarque avec son style unique : une maîtrise des imprimés floraux et une passion pour les couleurs vives.

Retiré du milieu de la mode depuis trente ans, Kenzo Takada lance en début d’année 2020 une nouvelle marque dédiée à l’art de vivre : K-3, son dernier projet.

En présentant un style romantique et moderne, Kenzo Takada surprend le public français. Ses créations innovantes sont le fruit d’un métissage entre deux cultures qui lui sont chères. Par exemple, il utilise des cotonnades japonaises et des coupons achetés au marché Saint-Pierre dans le 18e arrondissement de Paris. Résultat : des formes non structurées à partir de la technique du kimono. « Quand il a montré ses premières créations, il s’est trompé de saison. Il ne maîtrisait pas le français, il a donc présenté la mauvaise ; l’été au lieu de l’hiver ou inversement, je ne sais plus », racontait Felipe Oliveira Baptista, directeur de la création de Kenzo, dans un interview pour Le Monde.

Retiré du milieu de la mode depuis trente ans, Kenzo Takada lance en début d’année 2020 une nouvelle marque dédiée à l’art de vivre : K-3, son dernier projet. Le fil rouge est l’esthétique japonaise et la technique du kintsugi qui est une méthode de réparation sur les objets brisés, en soulignant la fissure par de la laque d’or. « Kenzo Takada était d'une incroyable créativité; d'un trait de crayon, d'un geste vif, il inventait une nouvelle fable artistique, une nouvelle épopée colorée mariant Orient et Occident, son Japon natal et sa vie parisienne », a déclaré Jonathan Bouchet Manheim, le directeur général de K-3. 

 

 


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