Pas encore sorti en France mais déjà très commenté, le film d’action Mulan arrive demain sur la plateforme de streaming Disney+. Sa réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro avait déjà adapté le roman Whale Rider de Witi Ihimaera en film, Paï. Elle s’est attaquée cette fois-ci à l’adaptation du dessin-animé sorti en 1998. Notre avis.
[Texte : Léa Berrod - Photos : Disney]
👍 Une héroïne toujours aussi populaire
Le dessin-animé Mulan de 1998, devenu un classique de Walt Disney, a bercé l’enfance d’une génération. « Quand j’ai découvert le film d’animation encore enfant, j’ai adoré les décors, la musique, la comédie, mais ce qui m’a vraiment marqué, c’est sa personnalité. Même si j’étais un garçon et que c’était une jeune fille, même si nous n’étions ni de la même nationalité ni de la même culture, son combat m’a touché au plus profond et a marqué toute ma jeunesse », raconte le producteur Jason Reed. Le personnage de Mulan se démarque par son côté courageux et rebelle : elle n’est pas une princesse en quête d’amour et prend la place de son père malade pour combattre dans l’armée. Autre preuve de son succès, la chanson du dessin-animé « Comme un homme » fait partie des musiques les plus écoutées sur la plateforme Spotify cette année. Forte de cette nostalgie, la nouvelle adaptation qui se veut plus mature est l’occasion de redécouvrir notre personnage préféré du studio d’animation américain.
👍 Une intrigue plus proche de la légende chinoise
L’histoire de Mulan tire son origine d’une chanson populaire chinoise datant du Vè siècle, Mulan shi ou La ballade de Mulan. Le poème homérique raconte le parcours fictif d’une jeune chinoise qui prend la place de son père dans l’armée pendant douze ans en se faisant passer pour un homme. Le scénario proposé n’est pas un remake du dessin-animé mais un hommage plus fidèle à la légende chinoise. « Développer quelque chose de différent du film d’animation original nous tentait énormément, car la légende est sous-tendue par des thèmes très forts autour du pouvoir d’agir, de l’émancipation et de la prise d’autonomie des femmes », explique le producteur Chris Bender. Dans la nouvelle version, vous ne trouverez pas de musiques entraînantes ou d’histoire d’amour avec le général Li Shang. Mulan est une guerrière qui n’a pas besoin d’être sauvée. Ce nouveau long-métrage se rapproche plus d’un voyage épique réaliste et authentique que d’un conte pour enfants.
👍 Deux personnages féminins « badass »
Dans le film, l’héroïne doit affronter un nouvel antagoniste : la sorcière exilée Xian Lang. (joué par l’actrice chinoise Gong Li). Elle s’allie avec l’armée rivale qui est sous les ordres du grand méchant Boris Khan. Leur objectif est de tuer l’Empereur de Chine pour pouvoir gouverner le pays. Plus puissante que l’ennemi Shan Yu dans l’animation de 1998, elle possède des pouvoirs magiques qui lui permettent de se transformer en homme ou en faucon. Plusieurs points communs entre Mulan et Xian Lang : le ch’i, l’énergie d’un guerrier dans les croyances chinoises et japonaises et des figures spectaculaires sur les scènes de champ de bataille. Si les deux femmes sont ennemies au combat, elles se ressemblent néanmoins. L’une comme l’autre, en tant que femmes, sont rejetées ou humiliées par les hommes de leur propre camp malgré qu’elles soient aux commandes. L’adaptation met en lumière la condition des femmes, éduquées pour devenir des bonnes épouses et non des guerrières.
👎 L’actrice principale Liu Yifei soutient les répressions policières hongkongaises
L’actrice sino-américaine Liu Yifei qui interprète le personnage de Mulan a fait polémique avec un post sur le réseau social chinois Weibo en 2019 : « Je soutiens la police de Hong Kong ; vous pouvez me frapper maintenant. Quelle honte pour Hong Kong ». Durant plusieurs mois, la police hongkongaise a commis des violences envers les manifestants pro-démocratiques qui protestaient contre une loi autorisant l’extradition de personnes vers la Chine continentale. Un comportement visiblement soutenu par Liu Yifei. Après que l’actrice a défendu ces répressions, le hashtag #BoycottMulan est apparu pour la première fois sur les réseaux sociaux. Pour les internautes, la prise de position de l’actrice ne correspond pas à l’héroïne qu’elle incarne et compromet par conséquent le film. « Mulan est censée soutenir la liberté face à tous les types d'oppression, c'est pourquoi c'était mon film d'enfance préféré. C'est dommage que la fille qui joue Mulan entache à jamais la réputation du personnage, parce qu'elle soutient cette brutalité », écrit un utilisateur de Twitter.
👎 Un tournage près des camps de Ouïghours
Dans le générique de fin, « des remerciements particuliers » sont adressés à des organismes gouvernementaux comme le Parti communiste chinois de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Cette province de Chine est accusée de retenir des millions de Ouïghours dans des camps de rééducation et de travail forcé en raison de leur origine ethnique et de leur religion. Certaines scènes du film ont été tournées dans le désert du Kumtagh, à quelques kilomètres des camps de redressement. Après avoir découvert cela, le hashtag #BoycottMulan est revenu de plus belle sur les réseaux sociaux. En France, le député du Val-d’Oise Aurélien Taché a lancé une pétition en ligne pour que le film ne soit pas diffusé. « Disney se rend complice de l’opération d’éradication ethnique et culturelle » argumente-t-il sur le site. La sortie de Mulan en France n’a pas été annulée malgré plus des 5 000 signatures à la pétition.
👎 L’absence du dragon Mushu
Le dragon rouge Mushu n’a pas survécu à la nouvelle adaptation des studios Walt Disney Pictures. Cet animal de compagnie était le confident de Mulan mais aussi la mascotte du dessin-animé. « Quand on a fait le choix de ce projet en live-action, on a voulu tout concentrer dans le réalisme de son aventure. Et Mulan devait créer des liens, des relations avec ses nouveaux camarades soldats », se justifie la réalisatrice Niki Caro. Le dragon rouge qui donnait un ton léger et comique à l’animation a été remplacé de manière plus subtile par un phénix. L’oiseau qui renaît de ses cendres est une représentation spirituelle des ancêtres et intervient plusieurs fois aux côtés de l’héroïne. Ce n’est pas suffisant pour combler l’absence de Mushu.