Le prince à la tête de coton : une pièce de théâtre sur la maladie au sein d'une famille franco-vietnamienne

Par Pandou Media

Avec Le prince à la tête de coton, Nicolas Porcher présente une première pièce de théâtre sur l’aphasie d’un père et toutes les répercussions de la maladie sur sa famille.

Nicolas Porcher a étudié la musique et les transferts culturels qu’elle accueille, notamment dans les œuvres de Ton That Tiet ou Nguyen Thien Dao. Son père, né à Saigon, a souffert d’une maladie qui affectait le langage et lui a transmis sa culture, par la cuisine notamment. Avec Le prince à la tête de coton, Nicolas Porcher met en scène Jacques, joué par Stéphane Ly-Cuong, qui perd ses mots comme on perd ses clés. Et toute une famille qui se réorganise autour de la maladie.

Comment vous est venue l’idée de cette pièce ?

Nicolas Porcher : Mon père a eu une maladie qui affectait le langage, une DLFT (dégénérescence lobaire fronto-temporale), et ma famille en a été affectée. La première chose que j’ai écrite est le poème de fin : J’ai perdu mes mots comme on perd ses clés. J’ai commencé par la musique, à partir d’enregistrements de la voix de mon père. Puis j’ai écrit des textes pour des comédiens, sans savoir que ça deviendrait une pièce. Les personnages sont très inspirés de ma propre famille franco-vietnamienne et représentent une multiplicité de points de vue par rapport à la maladie et comment chacun la gère.

 

Extrait de la pièce de théâtre Le prince à la tête de coton
photo : Sara-Lou Berthelot Fogel. 

 

Que souhaitiez-vous partager de ce moment de bascule, lorsqu’un père de famille tombe malade ?

Il y a une phrase de Souchon que j’aime beaucoup : « J’aime les gens qui sont ce qu’ils peuvent ». Ca résume bien ce que je voulais montrer dans la pièce : des gens qui sont ce qu’ils peuvent lorsqu’un évènement pareil arrive et bouleverse une famille.

Nicolas, pourquoi avez-vous choisi Stéphane Ly-Cuong pour le personnage principal ?

Lorsqu’on a cherché un casting avec Eloïse Bloch [la metteuse en scène, NDLR], on voulait être au plus près des personnages, donc d’une famille franco-vietnamienne. J’avais vu les courts métrages (Feuille de printemps et Allée des jasmins) de Stéphane qui entraient en résonance avec ce que je voulais réaliser. J’avais l’impression qu’on avait déjà beaucoup de choses en commun et ça a collé.

 

Extrait de la pièce de théâtre Le prince à la tête de coton
photo : Sara-Lou Berthelot Fogel. 

 

Quatre des cinq personnages de la pièce sont d’origine vietnamienne. C’est une distribution qui est rare.

Nicolas Porcher : Comme c’est une pièce autofictionnelle, je ne me suis même pas posé la question. Ce n’est pas du tout une pièce sur le Vietnam mais sur la maladie, les aidants et les accompagnants. J’avais cette idée de faire une pièce sur ces thématiques au sein d’une famille franco-vietnamienne, comme ça a été le cas pour moi. C’est intéressant de voir dans la pièce où se font les transferts culturels, par exemple dans la nourriture davantage que dans la langue.

Stéphane Ly-Cuong : Nicolas aurait très bien pu s’en tenir à son sujet et ne pas faire figurer l’aspect franco-vietnamien mais il a décidé de le mettre car cela fait partie de son histoire. Et il a choisi des comédiens strictement franco-vietnamiens, pas « franco-autres ». C’est tellement rare de voir cela sur scène en France, surtout quand ce n’est pas le sujet de la pièce.

Avez-vous remarqué des particularités dans la typologie du public qui vient voir votre pièce de théâtre ?

Stéphane Ly-Cuong : Oui. Il y a un public mélangé car la pièce est relayée par des réseaux franco-asiatiques qui nous soutiennent. Je pense que les gens ont d’abord de la curiosité mais aussi un besoin de représentation. Même si la pièce ne parle pas du Vietnam, c’est quand même une famille franco-vietnamienne sur scène, qui vit quelque chose que n’importe quelle famille pourrait vivre.

Nicolas Porcher : Je ne m’en doutais pas forcément. On est très heureux de pouvoir toucher un public large. La semaine dernière, une spectatrice d’origine vietnamienne m’a dit « Merci pour la représentation » et ça m’émeut énormément.

 

 

Pièce jusqu’au 16 mars au théâtre La Flèche, tous les samedis à 19h.


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