« Le K-hip-hop a déjà commencé à bouleverser la France »

Par Pandou Media

« K-Hip-Hop, l’onde de choc sud-coréenne » arrive sur france.tv Slash. Nous avons rencontré Colas Tran, l’auteur de ce documentaire.

Colas Tran est un habitué de pop-culture est-asiatique. Passé par le Nyūsu Show sur J-One, il s’est penché avec Neal McEnnis sur le hip-hop coréen.

 

Colas Tran, auteur de
« K-Hip-Hop, l’onde de choc sud-coréenne » 

 


Comment avez-vous découvert le hip-hop coréen ?
Ma rencontre avec le K-hip-hop s’est faite par petites touches. En travaillant pour le Nyūsu show sur la chaîne J-one, j’ai commencé à me familiariser avec tout ça. J’étais plutôt calé en pop culture japonaise, manga et anime, et j’ai un background musique. Grâce à l’émission, j’ai pu rencontrer tous les artistes asiatiques qui venaient à Paris pour leurs concerts ou bien lors du Midem à Cannes [rendez-vous incontournable de l’industrie musicale, NDLR]. C’est au Midem que j’ai réalisé ma première interview de K-hip-hop avec le groupe Dynamic Duo qui est d’ailleurs dans le documentaire.

Sur ce salon, j’ai également rencontré des artistes à différents stades de leur carrière ou de leur notoriété. J’ai compris qu’en Corée être un artiste est un choix de vie crucial. Ça m’a questionné sur les sacrifices qu’ils font, sur leurs conditions de vie. Par ailleurs, j’ai aussi été influencé par la BD K-Shock de Christelle Pécout qui explore un peu cet univers au travers d’une héroïne française qui part à Séoul et d’un autre personnage qui est rappeur et se pose la question de rester fidèle à son art en gardant sa liberté créative ou de rentrer dans le showbiz via des émissions de télécrochet.

Vous abordez ces émissions très populaires dans le documentaire. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Nous avons découvert que les tendances du hip-hop coréen sont définies quasiment exclusivement par une émission : « Show me the money », télécrochet leader sur le K-hip-hop où les candidates et candidats se pressent par milliers à chaque saison, comme pour Star Academy ou The Voice en France. Sauf que l’impact sur la société et les charts n’est pas comparable.

Là-bas, lorsqu’une personne gagne « Show me the money », elle s’envole directement vers la célébrité. La dimension prescriptrice de cette émission est considérable, tout comme l’exposition pour les artistes qui en sortent. Ce show a fait avancer la culture hip-hop en Corée, l’a démocratisée. Aujourd’hui le hip-hop est partout : dans la rue, dans les émissions, à la radio. Cependant, certains se demandent si ça ne nuit pas à la diversité.

 


Extrait du documentaire « K-Hip-Hop, l’onde de choc sud-coréenne ».

 

Comment définit-on le K-hip-hop ?
Comme tous les intervenants du documentaire, je pense que c’est un terrain glissant. La meilleure définition reste celle donnée par Dynamic Duo : « le K-hip-hop c’est juste du hip-hop ». Ce sont des artistes qui se trouvent en Corée et qui font du hip-hop. Il ne faut pas aller chercher plus loin que cela.

A-t-il été difficile d’accéder à ces artistes superstars ?
Dans le film nous avons plein de profils différents. Globalement, tout le monde a été accessible, même Jo Gwang-il, le gagnant de la saison 10 de « Show me the money » dont la carrière est en train d’exploser. On le suivait sur un festival et il est venu nous apporter des petits gâteaux.

Il y a parfois des managements qui veillent au grain mais pour Jinbo ou James An la connexion s’est faite de manière très naturelle. Nous avons été surpris de voir à quel point tout le monde était partant, même d’énormes stars comme les groupes Epik High et MFBTY, qui n’ont finalement pas pu être disponibles au moment du tournage. Je pense que les artistes de K-hip-hop sont contents d’avoir une exposition en France et ils sont surpris par nos questions.

Le rap est quand même une musique de contestation et on leur a demandé comment ça s’incarne dans leurs morceaux. En Corée du Sud, on ne leur pose quasiment jamais ces questions.

Retrouve-t-on cette contestation dans les textes de hip-hop coréen ?
Je trouve que le parallèle avec le cinéma coréen est intéressant. On a cette image de la société coréenne très portée sur les apparences, sur le respect, avec un héritage confucianiste. Et il existe quelques bulles de liberté d’expression sur des problématiques sociétales et économiques comme avec Squid Game ou Parasite.

Dans le rap, on se permet aussi d’être cru, d’être franc, de jurer, de critiquer un système et une société dans laquelle plein de gens sont laissés pour compte.

 

Extrait du documentaire « K-Hip-Hop, l’onde de choc sud-coréenne ».

 

Est-ce que cela influence la société coréenne ?
Les artistes de K-hip-hop éveillent des consciences par les messages transmis dans leurs morceaux. Cela dit, le hip-hop vient aussi avec une esthétique du bling et de la thune. L’émission leader s’appelle « Show me the money ». Donc il y a une ambivalence entre critiquer le système capitaliste néolibéral et ce mirage d’ascenseur social. D’ailleurs certains artistes se sont extraits de milieux modestes pour aller vers la notoriété et un niveau de richesse conséquent.

Le K-hip-hop va-t-il bouleverser la France comme la K-pop ?
Le K-hip-hop a déjà commencé à bouleverser la France via la K-pop. Dans les groupes de K-pop aujourd’hui, il y a un rappeur ou une rappeuse désignée, des morceaux aux constructions complexes avec des variations de style au sein d’une même chanson. La composante principale en ce moment est faite de beats hip-hop, des passages rappés. Si on est fan de BTS ou de Blackpink, on écoute déjà du K-hip-hop.

Pouvez-vous nous partager trois clips qui vous ont marqué ?
Je vais tricher avec ceux du docu : Big Brother de Deepflow, Compensation de Jo Gwang-il et Sweet dream de MFBTY.

 

Big Brother de Deepflow feat. Vasco et Donmills

 

Compensation - Jo Gwangil feat. Gaeko

 

Sweet Dream - Yoonmirae, Tiger JK et Bizzy (MFBTY)

 

Le documentaire K-hip-hop, l'onde de choc sud-coréenne est disponible gratuitement sur france.tv Slash en cliquant sur ce lien.


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