Jugetsudo, l’adresse incontournable du matcha et des thés japonais

Par Pandou Media

C’est une adresse que les initiés connaissent par cœur. Ici, on achète du thé japonais ou l’on vient déguster du matcha dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. 

Rencontre avec la directrice des lieux, Maki Maruyama, qui a posé ses valises en France il y a plus de 20 ans et qui perpétue l’esprit de la maison Maruyama Nori, entreprise japonaise familiale spécialisée dans le négoce d’algues séchées et de thés japonais à travers la marque Jugetsudo. Cette adresse, ouverte à Paris en 2008, fut la première en dehors du Japon, avant de se développer en Suisse, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

 

Maki Maruyama, directrice de la maison Jugetsudo, à Paris

 

Comment a évolué la consommation de thé japonais en France depuis 15 ans ?

D’abord, le regard envers les Japonais a beaucoup évolué. La première fois que je suis venue en France, c’était en 1992. J’étais étudiante et les Japonais étaient vus comme des Chinois. Pour les Français, les Asiatiques étaient tous les mêmes, ils ne pouvaient pas les distinguer. Pour moi, c’est en 2011 que les choses ont véritablement changé, après le tremblement de terre. Nos clients nous ont écrit, sont venus nous voir. Nous avons reçu beaucoup de soutien et d’encouragement. Les gens se sont intéressés à la culture japonaise, à l’art de vivre japonais. Je me souviens qu’en 2009 nous avons tenu un stand au Salon de l’agriculture. Les clients disaient que le thé japonais n’était pas bon, qu’il n’était pas assez sucré. Le goût umami peut être difficile à apprécier au début. Aujourd’hui, les Français y sont plus habitués et ils ont appris à l’aimer. Le Covid aussi a eu un impact sur notre activité. Nos clients ont commencé à se tourner vers des produits bons pour la santé, comme le thé vert.

 

« Le goût umami peut être difficile à apprécier au début. Aujourd’hui, les Français ont appris à l’aimer. »

 

Pourquoi avoir choisi la France comme premier lieu d’implantation en dehors du Japon ?

Parce que je suis mariée à un Français ! Nous habitions au Japon, mon mari était expatrié jusqu’à ce que nous revenions en France en 2003. Ouvrir un salon de thé en France était le souhait de mon père, c’était son rêve de développer le business en dehors du Japon.

 

Thé au matcha de la maison Jugetsudo, à Paris. 

 

 Dans la société japonaise, il est assez rare de voir une femme directrice d’une entreprise.

Effectivement, je pense que mon père a saisi l’opportunité de ce départ en France pour me confier ces responsabilités. Ça n’était pas possible pour moi au Japon car mon petit frère est déjà directeur de l’entreprise familiale.

Quels thés japonais conseilleriez-vous aux novices ?

Le genmaicha. C’est un thé de mélange, une sorte de thé à laquelle les Européens sont habitués. C’est un thé très accessible, qui reste en tête de nos ventes : un mélange de thé sencha et de riz grillé.

 

« Le matcha est une boisson qui entre dans un rituel. »

 

Le matcha est très à la mode en France. Fait-il partie de votre sélection ?

Dès l’ouverture de la boutique, en 2008, nous souhaitions importer du matcha. À ce moment-là, le matcha était surtout présent dans la pâtisserie, notamment grâce au pâtissier Sadaharu Aoki. Nous voulions faire découvrir la boisson, le matcha pur, sans lait, à travers une cérémonie de dégustation. Car, avant tout, le matcha est une boisson qui entre dans un rituel et nous voulions proposer cette initiation aux Français.

 

Maki Maruyama préparant le thé au matcha
au salon de thé Jugetsudo, à Paris.

 

Comment bien choisir son matcha ?

Nous faisons attention à la qualité du matcha mais surtout à sa conservation. Un matcha de très bonne qualité peut s’oxyder et il faut l’éviter à tout prix. La chose la plus importante est de bien refermer la boîte et de ne pas la conserver au chaud.

 

« Le matcha, contrairement aux thés habituels, n’est pas infusé. Il est fait de feuilles de thé broyées. On consomme donc l’intégralité des feuilles, pas seulement leur infusion. »

 

Quelles sont les vertus du matcha ?

Le thé vert est plein de vitamines C et d’antioxydants, bons pour la santé et la beauté. Il permet aussi la prévention de certaines maladies cardiovasculaires. Le matcha, contrairement aux thés habituels, n’est pas infusé. Il est fait de feuilles de thé broyées. On consomme donc l’intégralité des feuilles, pas seulement leur infusion. Les effets sont ainsi plus intenses. Traditionnellement, ce sont les moines qui consommaient du thé matcha durant leur méditation, pour éviter de dormir et solliciter leur cerveau. Je crois qu’il faut éviter de boire du matcha avant de se coucher mais moi je peux en boire à n’importe quelle heure !

 

Salon de thé Jugetsudo, à Paris.

 

Le réchauffement climatique a-t-il un impact sur le thé ?

Les récoltes sont avancées. Habituellement, la récolte se faisait autour du 8 mai, nous avons même une chanson qui parle de cela. Désormais, les récoltes commencent à la mi-avril. À Okinawa, je crois même que ça commence en mars. Cette année, la floraison des cerisiers a battu des records. En ce qui concerne les variétés ou la qualité, il n’y a pas vraiment d’effet.

Vous avez également créé en Seine-et-Marne l’écovillage Mura, dédié à la découverte de la culture culinaire nippone. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Je suis une fille de la ville : je suis née à Tsukiji, à Tokyo, je n’ai pas beaucoup connu la terre, la campagne. Pendant le Covid, comme beaucoup de monde, j’ai voulu me rapprocher de la nature. J’en ai parlé avec Anna que je connaissais déjà via la culture de ses légumes japonais. Elle voulait aussi accueillir du public, développer un projet avec moi. Aujourd’hui nous proposons des ateliers, tout est participatif.

Jugestsudo, 95 Rue de Seine, 75006 Paris. 


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