Nouvel An lunaire : comment est-il célébré dans le monde ?

Par Pandou Media

Le Nouvel An lunaire est célébré de Shanghai à Singapour, en passant par Hong Kong, Kuala Lumpur ou Saigon. Témoignages de l’autre bout du monde.

 
Chenxin, 30 ans et chargée de communication, vit à Shanghai.
Je vais rentrer quelques jours avant le Nouvel An chez mes parents, qui n’habitent pas à Shanghai, pour pouvoir fêter le réveillon. Quand j’étais petite, c’était plus excitant pour moi : il y avait le feu d’artifice et je recevais des enveloppes rouges avec de l’argent. Maintenant je travaille, seuls mes grands parents me donnent ces petites enveloppes. C’est moi désormais qui en donne aux enfants de la famille !
Le soir du réveillon nous mangeons ensemble, souvent chez les grands parents ou chez les parents. Ils préparent un repas très copieux et la soirée se passe devant des émissions de danses et de chants à la télévision. Le jour du Nouvel An, je fais la grasse matinée ! Au réveil, on souhaite la bonne santé aux personnes âgées et aux autres de bien travailler, de gagner plus d’argent ou bon courage pour les études.
Dans ma région, à Xuzhou, la tradition est de manger des raviolis la veille, avec de la viande, pour montrer qu’on a bien travaillé et qu’on a gagné de l’argent dans l’année. Par contre le Jour de l’an, les raviolis sont végétariens, pour souhaiter une bonne santé et commencer tranquillement.

 


Claire, 28 ans et employée dans une entreprise de finance et trading, vit à Singapour.

Ma famille est très grande, alors le soir du réveillon, nous allons tous au restaurant pour mélanger le lo hei, une salade de poisson cru avec des légumes et différentes sauces. À chaque fois que nous ajoutons un ingrédient, nous faisons un vœu pour l’année à venir et mélangeons cette salade tous ensemble.

Un peu avant minuit, nous revenons à la maison pour allumer toutes les lumières et nous porter chance. Le jour du Nouvel An, je vais voir mes parents pour leur souhaiter tous mes vœux, genou à terre, en leur apportant des oranges. Eux m’en donnent en retour, avec une enveloppe rouge remplie de billets ou d’une pièce d’or.

Nous allons ensuite chez les grands-parents, les oncles et tantes, etc. Plus le temps passe et plus nous avons du monde à voir ! Le quartier chinois de Singapour s’anime beaucoup : les décorations sont partout et de nombreuses compagnies font appel à la danse du lion. Nous profitons de ces trois jours fériés pour voir nos proches et traditionnellement, nous portons des vêtements rouges, mais les pétards sont désormais interdits à Singapour.

 

Vanaya, 31 ans, présidente de l’association des francophones asiatiques de Malaisie, vit à Kuala Lumpur depuis huit mois.
Ici, seuls les Malais chinois fêtent le Nouvel An. La journée type de mes amis est une véritable réunion de famille. Ils fêtent cela durant 15 jours, en marquant le 9e jour de prières à destination du dieu de la Terre. Le premier jour, en famille, ils invitent le lion, afin de chasser les mauvais esprits. Ils font du bruit pour faire fuir le mal et faire peur au mythe Niang, qui vient perturber le foyer.

Je ne sais pas si cette pratique est typiquement malaisienne mais mes amis m’ont raconté manger en famille une salade à base de poisson cru pour se souhaiter la bonne aventure.

 

Jackie, 34 ans et assistante personnelle dans une entreprise de joaillerie, vit à Hong Kong.
Le soir du réveillon, mes parents font une cérémonie dès 23 heures, ils prient et remercient les dieux. Avant cela, nous nous lavons et nettoyons toute la maison, jetons les poubelles, et nous remettons les lai si, les petites enveloppes rouges. Nos employeurs aussi remettent ces enveloppes rouges à leurs employés célibataires !

Puis les trois premiers jours de l’an, nous allons voir nos proches, nos familles, nos amis. Mon père joue au mahjong avec mes oncles, alors que ma mère cuisine les gâteaux du nouvel an, sucrés ou salés, comme le carrot cake. Avec ma famille (plus de 40 personnes !), nous allons au restaurant et partageons 12 plats !

Le quinzième jour, Hong Kong s’illumine de lanternes, il y en a partout dans les parcs. C’est aussi la Saint-Valentin chinoise et les gens sortent beaucoup.

 

Viet Anh, 36 ans, chercheuse et professeur de vietnamien, est
originaire de Hanoï.
Ce qui compte c’est la préparation, qui commence près d’un mois avant. Il existe une légende selon laquelle le 23 décembre lunaire, trois génies, qui s’occupent de toutes les tâches ménagères, montent sur trois carpes rouges vers le ciel, pour faire leur rapport aux dieux. Il faut fêter cet évènement avec un repas copieux, de beaux vêtements, et en relâchant trois carpes rouges dans les lacs ou les étangs. Aujourd’hui, les carpes sont en papier et on les brûle.

La semaine qui précède le Têt, de nombreux plats sont à préparer et il faut aussi acheter des forsythias et des fleurs de prunier. Le 29 décembre lunaire, nous mangeons tous ensemble avec ma grand-mère, qui a 16 petits enfants. Ensuite, nous faisons la même chose mais dans chaque petite famille, pour le réveillon. Nous préparons un autel en dehors de la maison, avec un coq entier qui tient une rose dans la bouche, des fleurs, des poissons, une assiette de riz gluant, un peu de sel et de l’alcool. À minuit, nous prions les dieux devant cet autel.

La nuit du réveillon, les Vietnamiens choisissent également avec soin la personne qui va rentrer dans la maison en premier. Cette personne porte la grande responsabilité d’ouvrir l’année sous de bons ou mauvais auspices ! Il faut trouver une personne qui s’accorde avec le signe de la nouvelle année et le signe du maître de maison, quelqu’un de sociable, avec une bonne réputation et une bonne carrière. Puis le premier jour est dédié à la famille du père, le deuxième à la famille de la mère et le troisième jour est réservé à la visite des professeurs et enseignants. Mais les professeurs vont eux-mêmes voir leurs professeurs ! Heureusement, le téléphone aide beaucoup pour savoir si les personnes que l’on va voir sont bien chez elles.

Article initialement publié dans le magazine Koï, numéro 3, janvier-février 2018


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