Mélanie Huynh, holistique

Par Julie Hamaïde

Mélanie Huynh, figure de la mode, cultive une discipline naturelle entre boxe, yoga, running et sa marque Holidermie, portée par son amour du bien-être.

Styliste, consultante, à la tête d’un château et d’une entreprise de cosmétiques,
Mélanie Huynh aurait pu être injoignable, inaccessible, beaucoup trop occupée pour parler d’elle, de son identité ou de ses racines. Pourtant, elle nous reçoit au « loft Holidermie », au cœur du Marais (Paris 4e). La silhouette menue, vêtue d’une courte jupe noire et d’une blouse aux imprimés violets, elle s’assoit à nos côtés, le téléphone posé sur la table, se détachant des notifications constantes qu’elle reçoit.

Après un brevet technique durant lequel elle suit une formation de modéliste (« où j’ai appris la construction du vêtement »), Mélanie Huynh s’oriente vers le marketing de la mode et intègre l’ISEM. « Je devais y faire des stages alors je suis allée dans une agence de photographes, dans un service de presse et à L’Officiel où j’ai adoré travailler sur le supplément accessoires. Ça a été le déclic et je me suis dit que j’adorerais travailler dans un magazine. »

 

« C’était une évidence, la mode a toujours fait partie de sa vie »

 

Amélie Huynh, sa cadette, se souvient : « À l’adolescence, avec son argent de poche, elle achetait des magazines de mode : Vogue, L’Officiel, elle les placardait sur les murs de sa chambre. C’était une évidence, la mode a toujours fait partie de sa vie. Elle a expérimenté des tenues, des maquillages, des couleurs de cheveux ! »

La petite fille modèle qui se levait déjà tôt, faisait son lit et rangeait sa chambre, devient plus rock’n’roll et développe un tempérament qu’elle avoue « fort ». Déterminée, elle entame son stage de fin d’études au cultissime magazine Vogue, et apprend auprès de Carine Roitfeld, dont elle deviendra l’assistante durant quatre années. Mélanie Huynh reconnaît sa « chance » d’avoir pu travailler auprès de cette dernière ainsi que d’Emmanuelle Alt ou encore Marie-Amélie Sauvé.

 

« Mélanie est une battante, c’est une guerrière, elle n’a pas marché sur les autres mais elle n’a pas eu peur d’avoir mal »

 

À la naissance de sa « petite fille », elle se lance comme freelance et continue à collaborer avec le magazine. « Carine et Emmanuelle nous disaient toujours de prendre notre envol pour nous trouver. » Admirative depuis toujours de sa grande sœur, « son idole », Amélie Huynh se souvient de la « dévotion totale » de son aînée : « Mélanie est une battante, c’est une guerrière, elle n’a pas marché sur les autres mais elle n’a pas eu peur d’avoir mal ».

 

 

Fer et velours
Son amie Sophie Trem, la bloggeuse et fondatrice de The Good Mood Class, reconnaît la prestance et le charisme de la styliste. « Son nom de famille pourrait être Discipline » dit-elle en riant, tant le mode de vie de Mélanie Huynh impressionne.

Pourtant, derrière cette image d’ascète se cache une femme « simple, drôle, assez différente de l’impression qu’elle dégage » nous confie son amie. Car si ses lunchs du dimanche se font au palace Shangri-La, elle n’aime pas moins préparer un riz cantonais maison à ses filles et les emmener à leurs cours de mandarin. « J’ai appris le cantonais mais je ne le pratique pas, regrette-t-elle. Nous avons pris des cours de chinois, mais avec ma soeur nous étions les seules eurasiennes de l’école. Nous avions envie d’être comme tout le monde, nous n’avions pas envie de parler chinois, d’être différentes. J’ai regretté de ne pas pouvoir parler avec ma grand-mère. »

De cette grand-mère chinoise, la Parisienne garde le souvenir d’une femme qui « se lève à 4 heures du matin, vide le lave-vaisselle, va à la piscine, cuisine pour tout le monde ». L’hyperactivité serait-elle dans les gènes ? Sa petite sœur confirme : « Son énergie vient de notre grand-père paternel, il voyageait énormément, a monté plein de boîtes. Mon père est comme ça aussi et Mélanie a tout pris. Sa vie est un perpétuel mouvement ».

Son côté asiatique se retrouve également dans l’assiette et dans les stories qu’elle partage auprès de ses abonnés sur Instagram. Dim sum et autres soba font saliver la centaine de milliers de personnes qui suivent et s’inspirent de son quotidien pour trouver à leur tour leur hygiène de vie.

« J’ai une passion pour le wellness, j’ai été très influencée par mes parents, surtout mon père. C’est un grand sportif, il vend depuis toujours des parfums d’intérieur, des cosmétiques en Asie, des compléments alimentaires, il a des spas. Ça a toujours été présent dans ma vie et j’ai toujours été fascinée par le monde de la mode, j’aime les vêtements, les mannequins, j’ai voulu être maquilleuse aussi. Je pense que la vie décide pour nous ».

La vie de château
La vie a d’ailleurs décidé de mettre sur le chemin de Mélanie Huynh la dernière demeure du peintre français Henri de Toulouse-Lautrec, située en Sud Gironde. Une surprise pour cette famille de commerçants qui vivait en banlieue parisienne.

« Petite, j’étais très contente de ma vie, dans mon jardin, avec la balançoire, notre chien. J’ai fait des baby-sittings, j’ai été vendeuse, j’ai passé mon BAFA, nos parents nous ont appris le prix de la vie et à nous battre. Mon père a eu une très belle réussite et son rêve était d’acquérir un château dans le Bordelais. »
Les deux sœurs se lancent alors à la recherche de la perle rare. « Notre père avait des critères incroyables, avec des vignes, une tour... Finalement, c’est le château Malromé qui nous a choisis. »

 

« C’est le château Malromé qui nous a choisis. »

 

Ayant appartenu à la mère du peintre, ce dernier y a vécu ses dernières années. Le château est ensuite tombé en désuétude avant que Mélanie et Amélie Huynh décident de le rouvrir et d’en faire un centre d’art contemporain en résonnance avec l’œuvre du peintre et tourné également vers l’Asie. Les deux sœurs ont dû arracher et replanter beaucoup de pieds de vigne, apprendre un nouveau métier, accompagnées par des proches. C’est d’ailleurs dans ces vignes que le dernier projet de Mélanie Huynh est né avec le soutien de ses proches.

Depuis 2019, la marque Holidermie est en vente sur son site et s'est fait une place dans les grands magasins parisiens. Elle s’adresse particulièrement aux femmes urbaines et lutte contre l’oxydation.

Un moment pour soi
Au-delà de l’expérience cosmétique, Holidermie apporte en France une vision plus globale de la beauté, prenant en compte l’équilibre général et le bien-être si cher à sa fondatrice.

« Connaissant son degré d’exigence, je sais que sa marque est exceptionnelle » appuie Sophie Trem. En plus des crèmes et des compléments alimentaires, la marque a ainsi poussé encore plus loin les concepts d’automassage et de yoga du visage avec des exercices et des mini-produits sur mesure. Des rituels de beauté que l’on retrouve depuis des générations dans certains pays d’Asie. 

Son rythme effréné rappellerait à s’y méprendre celui de sa grand-mère paternelle. Sa sœur nous rassure tout de même, Mélanie Huynh sait souffler. « Elle relâche véritablement lorsqu’elle va en Normandie, au Mont Saint-Michel. Il faut qu’elle soit loin de son environnement quotidien. Elle a des cocons comme ça. Je ne suis pas très calme mais je le suis plus qu’elle. Même en vacances, elle veut essayer toutes les activités du club, moi je prends le temps de me reposer. Moi je la calme et elle me bouge. » Encore une question d’équilibre.


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