Vrai ou Faux : Au lit avec les Asiatiques... 1/2

Par Pandou Media

Dans notre numéro 17
Petit pénis, docilité, passivité, perversité... les stéréotypes imposés aux Asiatiques lorsque l’on parle de sexe ne manquent pas. Tour d’horizon de ces étiquettes qui collent à la peau. 

Les Asiatiques ont des petits kikis


Rires gênés, silence malaisant, « de toute façon ce n'est pas la taille qui compte », les réponses sont aussi diverses que les individus. Comme la taille de leur zizi. D'entrée, on vous prévient, on a sorti notre double décimètre.
« Malgré tout l'intérêt du sujet, les chercheurs ont aujourd'hui d'autres priorités sur la table », explique Paul Verdu, chercheur en anthropologie génétique au Musée de l'Homme. Aucune étude — scientifiquement rigoureuse — n'existe à ce jour. « Cela demande un important échantillonnage d'individus, tirés au sort et non volontaires, pour pas se retrouver uniquement avec des hommes au gros sexe. Vous voyez les contraintes. Alors si vous avez deux millions de dollars à dépenser... »
« Il est vrai que certains prothésistes d'implants péniens qui traitent des cas pathologiques comme le cancer de la prostate ont remarqué que les prothèses de verges étaient plus petites en Corée du Sud qu'aux États-Unis, raconte Antoine Faix, urologue, chirurgien de la sexualité et membre de l'Académie nationale de chirurgie. Mais peut-on en conclure quelque chose ? On parle ici uniquement de personnes malades, et on manque cruellement de données comparables venant par exemple de Chine... »
La recherche génétique donne quelques règles générales. Nous savons que les traits caractéristiques d'un individu ont deux origines : la part génétique et la part environnementale. Il est très rare qu'un trait soit totalement déterminé par une mutation génétique, sauf dans le cas de certaines maladies génétiques. Par exemple, nos gènes n'ont qu'un rôle minoritaire (30 %) dans la couleur de notre peau, tout le reste étant du ressort de facteurs environnementaux. « Finalement, nos gènes donnent un potentiel dont l’expression dépend de notre alimentation, de notre rythme de vie, de notre santé, explique Paul Verdu. Pour les facteurs déterminant la taille non-pathologique du sexe, on connaît encore très mal les parts génétique et environnementale. »
À part si vous voulez croire à des études de sites de sextoys, nous préférons nous fier au flou scientifique. « Et puis a priori ça fonctionne bien puisque l'Asie est le continent le plus peuplé », ironise Paul Verdu.

 

Les femmes sont « serrées en bas »


« Good morning little school girl ! I am a little school boy too », lance, hilare, un groupe de GIs sur un champ de ruines alors qu’une Vietnamienne débarque de la moto rouge de son proxénète. Après s’être mise d’accord sur le prix de la passe, cette dernière refuse un rapport avec un soldat afro-américain qui aurait selon elle un sexe trop énorme. Cette scène du film américain Full Metal Jacket témoigne des stéréotypes sur les femmes vietnamiennes : frêle, avec un éternel corps d’enfant, au vagin petit et serré.
Avant tout, parlons médecine. Dans un paragraphe sur l’anatomie et la physiologie de la sexualité, l’Association française d’urologie décrit ainsi l’organe sexuel féminin : Le « vagin [...] s’adapte en longueur et en largeur et en forme [à la verge], avec des mensurations moyennes de dix cm de long et cinq cm de large. » Voilà qui est dit ! Le vagin est flexible. Selon Antoine Faix, urologue et chirurgien de la sexualité, « Nous n’avons aucune notion sur le vagin extensible, serré, petit, grand, large, long. Par manque d’études, c’est un organe encore très mal connu. Nous sommes davantage intéressés par ce que nous pouvons voir, la verge, mais pas le vagin. » L’inégalité entre les sexes au sens propre.
La seule étude portée sur leur taille s en distinguant les ethnies remonte à 2000. Publiée dans la revue Gynecologic and Obstetric Investigation, elle affirme, après des mesures réalisées auprès de vingt-trois Afro-américaines, trente-neuf Caucasiennes et dix-sept Hispaniques, que l’introïtus vaginal caucasien est « significativement plus important que celui des sujets afro-américains. » Traduction : les femmes afro-américaines auraient un sexe plus serré que celui des Caucasiennes… Malheureusement, les Asiatiques ne faisaient pas partie du panel.

 

Les Japonais sont tous des pervers


Burusera : collectionner les sous-vêtements d’écolières ; gōkan play : scènes de viol simulé ; bukkake : éjaculation collective sur un individu… Des concepts « tordus » tout droit venus du Japon, il y en a long comme dans un shokushu gōkan, genre érotique où des monstres tentaculaires s’éprennent d’une femme. 
La réputation perverse des Japonais n’est d’ailleurs pas aidée par les nombreux cas de harcèlements sexuels dans les transports en commun. Les chikan, ces peloteurs en heure de pointe dégrafent les soutiens-gorges, mâchent des cheveux, font défiler des photos obscènes ou glissent des préservatifs dans les sacs à main de leurs victimes.
Cependant, la perversion supposée des Japonais est difficilement mesurable. Il existe en revanche des statistiques officielles sur la sexualité des Japonais. Pour Et les résultats reflètent une tendance : les Japonais font moins l’amour. Selon une étude de 2015 publiée par l’Institut nationale de recherche en population et sécurité sociale, en dix ans, la part d'hommes de dix-huit à trente-quatre ans n'ayant jamais eu de rapports sexuels est passé de 32 % à 42 %, et les femmes de 36 % à 44 %. Mais cela ne signifie pas qu’ils refoulent leur sexualité. D’après une autre étude de 2019 (menée par un éditeur scientifique britannique BMC Public Health) sur l’inexpérience sexuelle des jeunes Japonais, 80 % des interrogés affirment que leur inexpérience sexuelle n’est pas volontaire. Ces derniers ne considèrent pas les rapports sexuels comme une priorité dans leur vie. Alors pourquoi tant d’imagination dans les pratiques sexuelles ? « L’érotisme contemporain au Japon est un théâtre de l’excès ayant valeur de conjuration : on met en scène le désordre, pour mieux le refouler. Dans la fiction, la scène typique est d'ailleurs celle d'une héroïne qui se défend (« je vous en prie, arrêtez ») alors que sa culotte, trempée, la trahit. C'est ce que les amateurs appellent « le ressort principal de l'érotisme » : la contradiction. Sans contradiction, disent-ils, l’acte sexuel serait privé de tout enjeu », décrypte Agnès Giard, anthropologue, auteure de L’Imaginaire érotique au Japon (Glénat).
Dans la sphère publique, les Japonaises se défendent sans équivoque, au point où certains messieurs, de peur d’être accusés d’être des chikan, ne voyagent plus qu’avec le cartable sur le devant afin d’éviter tout contact avec des passagères.

Texte : Weilian Zhu
Remerciements : Grace Ly et Alain Froment


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