Comment les littératures asiatiques sont-elles représentées en France ?

Par Sophie Kloetzli

À l’occasion de la rentrée littéraire, nous avons échangé avec un passionné devenu incollable dans son domaine. Umberto Signoretti étudie depuis plus de vingt ans les représentations du monde asiatique dans la littérature jeunesse. Pour lui, le roman est un reflet de notre société et de nos perceptions. En 2015, il crée et organise le festival Asie des livres afin de familiariser les lecteurs à la richesse des littératures asiatiques.
[Texte : Emilie Huynh]

Quelle est la définition de la littérature asiatique ? Englobe-t-elle l'Asie du Sud et l'Asie centrale par exemple ?

En France, la littérature pour adulte est assez riche car on dispose de beaucoup de traductions. Toutefois, dès que l’on parle de littérature asiatique, c’est tout de suite un peu obscur pour beaucoup de lecteurs. Si l’on peut cerner certaines littératures géographiquement, ou par un genre, comme le polar nordique, il n'y a pas une littérature asiatique : elle est multiple. Or, pour les lecteurs, il n’est pas facile de définir les pays asiatiques. Pour la plupart d’entre eux, l’Asie englobe très peu de pays, essentiellement la Chine, le Japon, un peu d’Asie du Sud-Est et malheureusement ça s’arrête là. En général, ils vont plus difficilement vers cette littérature sauf s’ils ont une connaissance ou une appétence pour cette région du monde.

Comment vous êtes-vous passionné pour la littérature asiatique ?

Je suis au départ bibliothécaire spécialisé dans la littérature enfantine. Dans les années 1990, j’ai commencé à travailler dans une bibliothèque située à Chinatown dans le 13arrondissement de Paris, auprès d’un public enfant. J’avais beaucoup d’interrogations de la part de lecteurs et d’enseignants qui venaient chercher des documents sur l’Asie. Je me suis rendu compte que ce continent se réduisait essentiellement à la Chine pour eux. Je me suis donc interrogé à partir de l’outil principal que j’avais sous les yeux : le livre, en particulier le livre jeunesse. J’ai ensuite commencé à acquérir des livres de tous les pays d’Asie pour les étudier et comprendre pourquoi nous en avions une perception si réduite et caricaturale. Un très gros décalage existait entre cette perception et ce qu’était l’Asie, au-delà même de la littérature.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer le festival Asie des livres ?

Les bibliothèques sont un peu le reflet de notre société, de ce que l’on vit. L’Asie était un peu oubliée, mise entre parenthèses. Je trouvais nécessaire que l’on en parle, c’est pourquoi j’ai créé ce salon. Vingt-cinq éditeurs sont venus faire connaître leur amour pour la littérature asiatique. Cet événement s’est fait sans budget. Beaucoup de curieux se sont rendus au festival. Différents pays et différentes littératures étaient présentés : mongols, coréens, japonais...

Cet article est à lire en version intégrale dans Koï #24, disponible en ligne ou en kiosque.


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